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  • Novembre 2017

    J’exerce la pratique d’artiste-chercheur, métier tissé d’allers-retour entre sciences et arts.

    Formations

    • Le Fresnoy, studio National des arts contemporains, diplômé en 2004
    • Univ. Paris 11 Orsay/Univ Laval Québec, maitrise en Biologie cellulaire et écologie, 2002
    • EHESS Marseille, année préparatoire au doctorat en anthropologie, 2015
    • Composition musicale électroacoustique (Lucie Prodhomme), 2006-8
    • Echolocalisation humaine (Formateurs aveugles : D. Kish, T. de Witte, T. Tajo), 2010-2015
    • Danse Contact / Composition Instantanée (Mathilde Monfreux et Robin Decourcy), 2011-16
    • Méditation Vipassana (S.N. Goenka), 2014
    • Communication Intuitive (Anna Evans), 2014
    • Communication non-violente (Estelle Bessin), 2017
    • Yukido (Andréine Bel), 2016-17

    Repères biographiques

    Comme artiste, je développe des projets avec des entrepreneurs en biologie (Inasmet), des chercheurs en psychologie de la vision (Laboratoire de la Vision Montréal), en analyse d’images (LIRMM, Montpellier), en traitement sémantique du lexique (Institut des Sciences Cognitives à Lyon), en bioacoustique marine (un peu partout), en biologie animale (MNHN, Paris) avec un anthropologue (Jérémy Damian), une coopérative de recherche art-science (L’atelier des jours à venirs/Un Institut Métaphorique), des danseurs contact, une metteur en scène (Mirabelle Rousseau), un acousticien (Kerwin Rolland), des artistes programmeurs (dont Alexis Chazard), une poète (Dorothée Volut), des marins, un architecte archéologue (Yves Ubelmann), des cinéastes (dont Marie Agnély et Hélène Motteau)

    J’ai réalisé des pièces de grande taille comme (Nuage), un champ de tomates hors sol dévalant une colline sur cent mètres, je me suis essayé à l’art numérique en composant la pièce Sémographe, au marché publique 1 % artistique (à Montpellier), à la performance photographique urbaine en 3D (avec le chef opérateur Alain Derobe), à la création d’entreprise (Philtres), au concours Lépine (Kit optique pour se voir avec les yeux de l’autre), au concert-conférence noise (Feedback), à la résidence artistique sur le territoire (Quotidiens dépaysés).

    Pour contourner les efforts de réalisation d’œuvres matérielles, j’entreprends une forme de sculpture par prescription : d’abord en réalisant un audio-guide non localisé (Vision parlée) qui donne à l’auditeur des consignes de vision, puis en développant les Fictions corporelles, qui sont littéralement des méthodes pour se sentir autre : se sentir araignée, se sentir agglomération de Marseille, cachalot, chauve-souris, taureau.

    Devenant père, mon intérêt pour la relation qui peut s’établir avec des mammifères marins s’est intensifié : Comment l’humain peut se placer dans une position d’apprentissage vis-à-vis des cétacés. Comme pour me mettre dans le bain, je m’engage dans une série d’apprentissages : écholocalisation humaine, technique vocale (Natacha Musléra), plongée en apnée (Frédéric Chotard), Kayak (CNPRS), Danse Contact, méditation Vipassana, Communication Intuitive.

    J’alterne les séjours à la rencontre de cétacés avec différents équipages dans les mers Méditerranée et Caraïbes, la tentative d’un doctorat en science sociales animalières (superviseur Frédéric Joulian) et des temps de restitution sous la forme d’ateliers notamment d’écholocalisation humaine, de performances, la préparation d’un documentaire (avec Ysé production), des conférences, le commissariat et la participation à des séminaires art-science en France et à l’étranger.

    Devenant père une seconde fois, je trouve un ancrage terrestre en m’installant dans les Alpes de Hautes Provence et m’engage dans une démarche de diplomatie du vivant à travers un projet artistique à vocation de médiation autours des loups.

     

     

  • Fiction corporelle chauve-souris

    Fiction corporelle chauve-souris

    Méthode pour se sentir membre d’un collectif de chauves-souris.

    Création le samedi 9 juillet 2016 à 20h au Gymnase Japy à Paris, dans le cadre des Rencontres Internationales du Contact Improvisation(RICI 2016).

    C’est la première des Fictions corporelles qui propose explicitement une mise en mouvement. L’aventure est collective : entrer en relation avec un des derniers groupes de Grand Rhinolophe du bassin méditerranéen. Ils sont 1500 et passent leurs journées d’été dans une grange près de la ville d’Arles, sortent la nuit chasser le scarabée en Camargue. Pesant environ 25 grammes chacun, ce groupe de survivants totalise à peine 38 kilogrammes. La méthode d’incorporation travaille principalement sur l’aspect sanguin de la peau-patagium des ailes-mains chauves-souris, sur le mouvement du vol, sur une qualité d’écoute et une attitude en groupe.

    Le dessin montre plusieurs visage de chauves-souris, rieuses et baroques.
    Source : Kunstformen der Natur (1904), planche n°67, Ernst Haeckel (1834–1919).

    Note sur les Fictions Corporelles [ref]

    Extrait d’une captation de la Fiction Corporelle araignée
    [/ref] : Je porte les Fictions Corporelles comme des sculptures. Leur matériaux est la représentation que vous avez de votre corps. Des fictions donc, puisque le devenir animal -ou autre- reste au niveau de la sensation. Chaque Fiction corporelle est le fruit d’une recherche sur la représentation d’un corpus de connaissances. une représentation somatique, proprioceptive, non-visuelle.

     

  • Apprendre par l’animal – 1ère partie

    Programme :

    Vinciane Despret (Liège) le 7 mai 2015
    Conférence-débat à 18h30
    La philosophe Vinciane Despret est l’auteure de plusieurs ouvrages sur la question animale.

    Tom de Witte (Anvers), le 11 juin 2015
    Atelier à 15h30, conférence-débat à 18h30
    Aveugle, il enseigne l’écholocalisation, analogue humain du mode de perception des dauphins et des chauves souris.

    David Rothenberg (New York), le 16 juillet 2015 -Annulé
    Conférence-concert à 18h30. Surprise possible en fin de soirée.
    Clarinettiste de Jazz, ses dialogues musicaux improvisé impliquent des animaux dont : bélugas, baleines à bosses, cigales, rossignols.

     

  • Apprendre par l’animal – 2ème partie

    Ateliers et de conférences – 11, 12 et 13 décembre 2015

    La Panacée, Montpellier, rue de l’école de pharmacie

    « J’aurais aimé, une fois dans ma vie, pleinement communiquer avec un animal. C’est un but inaccessible. Il m’est presque douloureux de savoir que je ne pourrai jamais trouver de quoi est composée la matière et la structure de l’univers. Cela eût signifié : être capable de parler avec un oiseau. Mais là est la frontière qu’on ne peut franchir. Traverser cette frontière serait un grand bonheur pour moi » Ainsi parlait Levi-Strauss avec F. Raddatz

    Le rêve de parler avec un oiseau, la science peut-elle nous aider à l’accomplir ? Ou bien au contraire, serait-ce qu’une certaine science -analytique et progressiste- nous aurait fait oublier la manière de communiquer pleinement avec un animal ? Quels rapport au corps, à la pensée et à la parole construire ou re-construire pour cette entreprise ?

    Nous avons choisi de débatte de ces questions sur un terrain artistique. Elles transgressent parfois les protocoles scientifiques en vigueur. Notre démarche vise à se faire rencontrer des pratiques qui longtemps ont feint de s’ignorer. Les rassembler momentanément dans le cadre de ces rencontres « apprendre par l’animal » permet de faire avancer autrement la réflexion. De même que les recherches sur la télépathie peuvent nous interroger sur la naissance de la parole, la méthode pour se sentir cachalot (Fiction corporelle) est susceptible de nous questionner sur les conventions de représentation en science.

    Rapports renouvelés aussi entre sensation et pensée, entre intuition et preuve, entre méthode et improvisation, entre spectacle et observation.

    Le programme est composé de telle sorte que les questions rebondissent à travers les trois jours et qu’un territoire de pensée et de sensation qui nous lie à l’animal se développe à travers ces rebonds. Nous vous invitons à suivre ces rencontres construites comme un parcours qui renouvellera notre perception de notre communication à l’animal.

     

    INFOS PRATIQUES :
    Cycle Apprendre par l’animal proposé par Boris Nordmann, artiste invité par La Panacée.
    Gratuit. Infos et réservations à effectuer par mail à mediation@lapanacee.org. www.lapanacee.org

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    PROGRAMME DES TROIS JOURS

    VENDREDI 11 décembre 2015 – Rencontrer la parole –

    17h-19h15 Atelier
    Exploration immersive – Que cela fait-il de parler ?
    Mandoline Whittlesey
    Nous irons ensemble à la (re)découverte de la parole. Nous laisserons place à la sensibilité du corps fluide, animal, afin de permettre une émergence sensible du langage. Des plages d’expérimentation, seuls et à plusieurs, viendront soutenir un vécu qui posera la fondement de nos échanges. Venir habillé confortablement et chaudement. Tous et toutes sont bienvenus !

    19h30-20h15 Atelier
    Jeux W
    Jeanne Revel du collectif W
    La pratique W travaille à construire et à expérimenter des outils pour l’action en représentation, c’est-à-dire toutes les situations où on agit devant quelqu’un. Ces outils s’élaborent et se transmettent au cours de sessions de recherche. Ils se pratiquent aussi sous la forme de jeux et alors, produisent de la parole.

    20H30-21h30 Performance oratoire
    Bloc – jeu issu de la pratique W
    Mandoline Whittlesey, Jeanne Revel, Bettina Höfer, Joanne Clavel, Boris Nordmann
    Le bloc prend la forme d’une conférence improvisée à plusieurs voix. L’élaboration en temps réel est assurée par l’observation d’un petit nombre de règles formelles : le discours se constitue au fur et à mesure qu’il avance, selon une logique d’enchaînements qui peu à peu l’éloigne de son point de départ. Par ces moyens simples, le bloc travaille ainsi la possibilité d’une énonciation collective, qui est aussi un puissant moteur de langage et de fiction.

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    SAMEDI – Mediumnsime, Malentendu et Méthodes –

    14h30-16h15 Conférences
    Véronique Servais 
Pour une science humaine des animaux : que faire après le constat du malentendu ?
    Il devient évident qu’on ne peut se contenter d’étudier les animaux comme si tout en eux relevait de la biologie. Je proposerai l’idée que c’est en concevant la communication homme-animal comme un malentendu qu’on se donne les moyens de construire un cadre perceptif permettant aux animaux de prendre place et de faire entendre leur voix, en théorie du moins.

    Fabienne Delfour 
Tentatives de communications interspécifiques avec les dauphins menées dans le cadre de l’éthologie.
    Fabienne Delfour présentera le développement des outils et des études auxquelles elle contribue en milieu captif et sauvage, après avoir brossé l’histoire de l’éthologie des dauphins. Elle interrogera la place de la technologie dans ces études qui sont (trop) largement inspirés de la primatologie.

    16h30-17h50 Conférence
    Être médium entre animaux et humains.
    Bettina Höfer
    J’expliquerai ma pratique de médium, la forme de télépathie que je pratique : comment j’y suis venue, et comment elle me permet d’intercéder entre des humains et des animaux libres ou des animaux domestiques. Je présenterai les formes que prennent les rencontres par cette voie, et je vous en donnerai des exemples concrets.

    18h15-20h Proposition artistique
    Fiction corporelle cachalot ou Méthode pour se sentir cachalot en 1h30
    Boris Nordmann
    La proposition se déroule en trois partes : 1. Une courte conférence de biologie sur les cachalots qui sont des très grand dauphins. 2. Une méthode pour déformer son schéma corporel humain et lui donner la forme d’un cachalot. Vous êtes allongé, presque immobile : interprète et spectateur. Le corps humain est la forme de départ que l’imagination peut déformer pour y inscrire le corps d’un cachalot. Suit une plongée-promenade collective imaginée. 3. Un retour progressif au corps humain.

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    DIMANCHE – Transfert et Transmission –

    10h-12h30 Atelier
    Initiation à la télépathie avec les animaux
    Bettina Höfer
    Initiation pas à pas : Méditation / Exercices de télépathie / Ressentir ses différents sens à l’intérieur de soi / Contact avec un animal.

    14h30- 16h20
    Atelier lecture à deux voix d’interactions hommes-dauphins
    Fabienne Delfour + Véronique Servais
    A partir d’observations filmées d’interactions entre dauphins et humains, Fabienne Delfour et Véronique Servais nous montreront comment elle travaillent. Ainsi, elles nous initieront à pratiquer leur méthodes d’interprétation.

    Le système W (Jeanne Revel) Conférence Une interaction dauphins-humains interprétée avec les mots du système W
    Parce que W appelle représentation le fait d’agir sous le regard d’autrui, elle concerne potentiellement toute interaction plus ou moins codifiée dans la vie sociale : une assemblée de grévistes, une messe, une vente aux enchères, une salle de classe… On tentera d’appliquer au corpus présenté par Fabienne Delfour et Véronique Servais les catégories proposées par W et d’analyser en termes de représentation les interactions humain-animal qui servent de fondement à l’éthologie.

    16h30-18h Conférence
    Des pratiques somatiques pour approcher des animaux ?
    Joanne CLavel
    Les pratiques somatiques proposent une nouvelle manière de vivre son corps humain, en le percevant lui-même comme un écosystème. Elles unifient l’action de penser et celle de sentir. Permettent elles l’émergence de nouveau dispositif de rencontre avec des animaux ?

    Table ronde de clôture

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    Les Intervenants

    Joanne Clavel (Montpellier et Paris)
    Joanne Clavel est chercheure en sciences de la conservation au Muséum national d’Histoire naturelle. Formée aux sciences de l’écologie avec une thèse portant sur l’impact des changements globaux sur la biodiversité, elle travaille aujourd’hui à l’interface avec les humanités environnementales – art, esthétique, politique – après s’être formée en danse à l’Université Paris 8, en médiation esthétique à l’ULg en Belgique, en écologie politique puis chorégraphie à UCBerkeley. Elle enquête sur le développement d’une culture écologique, d’un « art de vivre », dans des milieux qui pratiquent le soin aux autres (agriculture, pratiques somatiques et artistiques).
    Elle co-fonde en 2008 le collectif d’artistes Natural Movement afin de monter des créations artistiques et des projets de médiation de l’écologie dans des lieux variés : zoos, laboratoires scientifiques, banlieues, milieux ruraux.
    https://mnhn.academia.edu/JoanneClavel + http://www.natural-movement.fr/

    Fabienne Delfour (Paris)
    Dr. en Ethologie Cognitive et Habilitée à Diriger les Recherches, Fabienne Delfour a consacré une vingtaine d’années à étudier les mammifères marins en milieu naturel et en parcs marins. Elle s’intéresse aux comportements, aux capacités cognitives et au bien-être de ces animaux. Intriguée par la riche relation homme-animal, elle a choisi de mener des études pluridisciplinaires et innovantes pour mieux en comprendre les rouages. Affiliée au Laboratoire parisien d’Ethologie Expérimentale et Comparée et responsable scientifique au delphinarium du Parc Astérix, elle encadre aujourd’hui des travaux de master et deux doctorats sur le bien-être des dauphins et en étho-acoustique. Impliquée dans plusieurs comités scientifiques et de bien-être animal, elle travaille activement à rechercher des critères objectifs d’évaluation du bien-être animal adoptant résolument une posture qui considère l’animal et son monde propre. http://www.animauxetcompagnies.com/

    Bettina Höfer (Lignières, Suisse)
    Bettina Höfer reçoit à son domicile des gens qui ont des soucis avec leur chat, leur troupeau de chèvres ou le loup dans le bois. Ses faculté de médium lui permette d’opérer un travail de médiation entre animaux et humains, et plus généralement d’aider les animaux et les humains à trouver un bien-être physique et psychique. Elle peut travailler à partir d’une simple photo de l’animal. Ses recherches actuelles lui font rencontrer des éléphants et nager avec des dauphins. Pour son activité de médium en « communication animale », elle s’appuie sur le concours de ses animaux familiers -chien, chat, cheval- et de certains dauphins qu’elle fréquente régulièrement.

    Véronique Servais (Liège, Belgique)
    Après des études en psychologie et un mémoire intitulé « Etude exploratoire des effets thérapeutiques de l’animal familier auprès de jeunes filles anorexiques », Véronique Servais a consacré l’essentiel de ses recherches à l’étude des relations entre humains et animaux dans la société contemporaine. Outre de nombreux articles, elle est l’auteur (avec Jean-Luc Renck) de L’éthologie. Histoire naturelle du comportement (Ed. Seuil) et de La science [humaine] des chiens, aux éditions Le bord de l’eau. Elle est également responsable du « Certificat Universitaire en Médiation animale et Relations à la nature » à l’Université de Liège. Récemment, elle a mené une étude sur l’enchantement dans les rencontres avec des dauphins, qui l’a conduite à s’intéresser à l’enchantement dans la danse puis à ce qui survient chez les élèves d’un conservatoire d’arts dramatiques au cours d’exercices inspirés du rituel vaudou. Ses projets pour l’avenir sont de contribuer à une science humaine des animaux.
    http://orbi.ulg.ac.be/browse?type=authorulg&rpp=20&value=Servais%2C+V%C3%A9ronique+p002649.

    Mandoline Whittlesey (France et U.S.A)
    Artiste chercheuse et pédagogue, Mandoline élabore son travail autour de la relation intersubjective, la fluidité perceptive et le phénomène symbolique, dans une perspective transdisciplinaire. Après un Bachelor of Arts obtenu à Oberlin College, USA en 2002 (écriture, danse, photo) elle est interprète pour des chorégraphes en France (H.Cathala, L.Montecchia, C.Filmon, E.Grivet…) et développe ses propres projets à partir de 2006 (performance-installation). Certifiée praticienne de Body-Mind Centering® en 2010, elle créé et codirige SOURCES, formation en pratiques somatiques, puis développe un cycle de formation en Mouvement Authentique qu’elle mène pour la troisième année consécutive. Soutenant une vision résolument poétique, profondément incarnée, Mandoline poursuit actuellement un Master of Fine Arts en chorégraphie et arts visuels à Wilson College, USA.
    http://mandolinewhittlesey.blogspot.fr/

    Le collectif W (incarné cette fois par Jeanne Revel, France)
    W est née en 2003, à la suite d’un travail sur les conditions d’une énonciation collective (Bloc, Centre Chorégraphique de Tours). Ce travail s’est poursuivi lors d’une collaboration de Joris Lacoste et Jeanne Revel avec le chorégraphe Joao Fiadeiro autour de sa méthode de Composition en Temps Réel (Centre National de la Danse, 2004), puis s’est développé de manière autonome.
    Que se passe-t-il lorsque quelqu’un fait quelque chose sous le regard d’autrui ? Comment agit-on lorsqu’on se sait regardé ? Que se passe-t-il exactement quand on regarde simplement « pour le plaisir » ? W tente de répondre à ces questions par l’élaboration d’un glossaire, d’une pratique performative et d’instruments pour la critique. W produit notamment des jeux, un précis de notions opératoires, des stages et sessions pratiques, des séminaires critiques, ainsi que divers articles et conférences.
    http://www.1110111.org

    Boris Nordmann
    est artiste chercheur, co-fondateur de Old School (école de la relation inter-espèce), biologiste de formation, diplômé du Fresnoy Studio National des Arts Contemporains. Médaillé du concours Lépine en 2009, mandataire d’un 1% artistique en 2010, son parcours est tissé de collaborations avec des chercheurs. Il développe un projet de recherche interdisciplinaire qui admet à égalité des pratiques issues des sciences sociales, des sciences naturalistes, du handicap (écholocalisation humaine), du sport (apnée, kayak), et des arts (contact improvisation, techniques vocales). La publication de cette recherche passe actuellement par des œuvres et ateliers : les Fictions Corporelles, les ateliers d’écholocalisation humaine pour voyants et non-voyants et un film en cours.
    www.borisnordmann.com

  • Manger, le débat des parties

    Venir avec faim, serviettes, nourriture et mains propres.
    Conférence-Jam proposée à Paris le 13/07/2015 à 17h lors des Rencontres internationales du Contact-Improvisation

    Ce texte est une base pour l’improvisation.

    Bonjour !
    Annoncer le cadre :
    Je vais vous proposer un temps d’alimentation guidé qui va durer une petite heure et glisser tranquillement vers une jam ensuite.

    ..Et Julia qui fait la traduction.

    Bon, je vous ai demandé de venir avec de l’appétit, mais il faut que je vous dise, on va travailler la retenue. Ca va nous permettre de faire plein de découvertes !

    Si c’est nécessaire, allez vous laver les mains. Et si vous n’avez pas de serviette, ramener 6 feuilles de papier toilette.
    Se mettre par deux.
    Si vous avez une allergie alimentaire, si vous ne pouvez pas manger dans une cuiller qui a touché du poisson, ou du gluten, c’est le moment de le dire à votre complice.
    Disposer devant soi 3 aliments. Éventuellement vous en empruntez un à votre voisin. Vous pouvez aussi partager.
    Voilà, chacun a devant lui, chacune a devant elle : 3 aliments.
    Les diposer de manière à pouvoir les voir en détail, et pouvoir les renifler sans avoir à les toucher.
    Vous avez devant vous 3 aliments que vous pourriez manger.

    Les regarder, sans les toucher.
    Etudier ce que ça fait de les regarder.
    Et puis, se concentrer sur un aliment.
    Comment cet aliment parle à tout l’être qui regarde.
    Est-ce qu’un partie de mon être répond particulièrement ?
    Une sensation particulière se manifeste t elle ? Ça peut-être une sensation très délicate ? Ca peut-être une sensation bien connue, ou non.
    Observer cette sensation.
    Quelles sont les pensées qui surgissent ?
    Comment cet aliment parle au système digestif ?
    Comment cet aliment parle à la main ?
    Comment cet aliment parle à la bouche ?
    Comment cet aliment parle à la langue ?
    Comment cet aliment parle aux muscles de la mâchoire ?
    Comment cet aliment parle au palais ?
    Comment cet aliment parle au nez ?
    Comment cet aliment parle à l’œsophage ?
    Comment cet aliment parle à l’estomac ?
    Comment cet aliment parle au foie ?
    Comment cet aliment parle à la vésicule biliaire ? -Si vous savez où c’est, tant mieux !!
    Comment cet aliment parle à la partie de l’estomac qui débouche sur l’intestin ?
    Comment cet aliment parle à l’intestin ?
    Comment cet aliment parle au gros intestin ?
    Y a t il d’autres parties du systèmes digestif auquel cet aliment parle, pour lui dire du bien, ou du pas bon.
    Est-ce que cet aliment parle à l’anus ?

    Et puis, regarder un autre aliment, et recommencer.
    Comment cet aliment parle à l’être qui regarde.
    Est-ce qu’une partie de mon être répond particulièrement ?
    Une sensation particulière se manifeste t elle ? Ça peut-être une sensation très délicate ? Ca peut-être une sensation bien connue, ou non.
    Observer cette sensation.
    Quelles sont les pensées qui surgissent ?
    Et, passer en revue son système digestif, lui demander comment il reçoit la proposition que fait cet aliment quand on le regarde, à cet instant.

    Et puis recommencer pour un troisième aliment.

    Choisir un aliment, en vue de le manger, mais ne pas mettre cette décision à exécution. Prendre le temps de choisir. Observer ce qui est en jeu dans le processus du choix. Observer ce que c’est que choisir.
    Est-ce que c’est un aliment qui appelle la main ?
    Est-ce que c’est la bouche qui est attirée?
    Est-ce que c’est l’œil qui est attiré ?
    Est-ce que c’est la flore intestinale qui est attirée ?
    Est-ce que votre cou se porte en avant, est-ce que c’est la tête qui est attirée ?
    Ou bien, est-ce que c’est le pied qui est attiré ?
    Est-ce qu’une partie de l’être refuse ce qu’une autre désire.
    Observer le débat entre ces parties.

    Observer ce que ça fait de choisir.
    Maintenant, vous allez pointez du doigt l’aliment que vous avez choisi, SANS le manger.
    Observer la manière dont vous pointez du doigt.
    Observer ce que ça fait d’avoir choisi.

    Fermer les yeux.
    Fermer les yeux.
    Tout en gardant les yeux fermés, approcher son nez d’un aliment sans le toucher, et le renifler.
    Étudier les sensations qui viennent dans tout l’être. Qu’est-ce qui se produit en ce moment, alors que l’odeur de cet aliment rencontre la matière de l’être ?
    Ici et maintenant.

    Et puis, toujours en gardant les yeux fermés, et toujours sans toucher, se mettre dans l’idée de choisir un aliment pour le manger. Se laisser la possibilité de choisir un autre aliment que celui qui a été choisi tout à l’heure.

    Etudier les aliments un par un, à l’odeur, sans les toucher, pour choisir celui que vous allez manger, mais ne pas le faire, ne pas le manger.

    Et observer, quelle partie de soi quelles pensée, quels organes, quels fluides, quels fascia sont sollicités par tel endroit olfactif. Et quelles partie de soi au contraire, refusent tel ou tel proposition qui leur est faite sous la forme de l’odeur. Observer la qualité que prend ce refus. Est il catégorique ? Est il conditionnel (càd. dans le style “ Je veux bien que nous mangions ceci, si nous mangions cela après… ”) ? Est il ferme, est il négociable.
    Observer, comment une partie de l’être, une pensée, une main, un organe, peut-être tenté de censurer la demande qui est faite par une partie. Et comment elle peut se faire insistante.
    Observer les parties qui ont dévellopé plus de charisme.
    Observer la réaction des parties que vous n’avez pas l’habitude d’écouter.

    Que dit le fascia sous mon crane de cette proposition alimentaire ?
    Que dit la plante de mon pied de cette proposition alimentaire ?
    Que dit ma flore intestinale de cette proposition alimentaire ?
    Que dit ma peau de cette proposition alimentaire ?
    Que dit mon cœur de cette proposition alimentaire ?
    Etc…

    C’est le moment de conclure votre choix. Vous allez donc prononcer le nom de l’aliment que vous avez choisi. NE le mangez PAS.

    Au début, je vous avait demandé de vous mettre à deux. Vous formez donc des tandems. Dans chaque tandem, celui ou celle qui est à droite va garder les yeux fermés, tandis que celle ou celui qui est à gauche va ouvrir les yeux, tranquillement.
    Voilà, dans chaque tandem, celui qui est à droite a les yeux ouvert, et celui qui est à gauche a les yeux fermé vous allez vous mettre face à face.
    Vous allez maintenant vous prendre les mains, et établir une connection, entre vous, de cœur à cœur.
    Voilà, vous pouvez vous lâcher les mains, et celle ou celui qui a les yeux ouvert va présenter un aliment devant la bouche de son complice, sans toucher sa bouche, ni son nez.

    Je vais maintenant m’adresser à celle et ceux qui ont les yeux fermés.
    Donc votre complice vous tend un aliment devant la bouche.
    Renifler cet aliment.
    L’explorer attentivement, à l’odeur.
    Etudier finement toutes ses odeurs. Toutes ses parties odorantes.

    Observer la manière dont vous le recevez.
    Passer en revue les parties de votre système digestif. Comment chaque partie reçoit elle la proposition de manger ou non cet aliment ? Quelles sont les parties de vous qui restent muettes ?
    Vous pouvez approcher les lèvres, pour éprouver l’aliment, son éventuelle humidité, sécheresse, sa texture.
    Observer les sensation qui vous viennent.
    Si vous avez des visions, observez les.
    Si vous avez des émotions, observez les passer.
    Si vous l’acceptez, vous pouvez prendre l’aliment dans la bouche, mais sans l’avaler.
    Sinon, vous pouvez aussi vous reculer, alors, votre complice vous présentera un autre aliment.
    Une fois que l’aliment est dans la bouche, avant de le mastiquer, l’explorer très attentivement avec la langue.
    Dans le même temps, passez votre corps en revu, par exemple de haut en bas. Observer l’effet que ça fait sur les différentes parties de vous d’avoir cet aliment dans la bouche.

    Votre complice doit se tenir prêt à recevoir l’aliment si vous décidez de le recracher. C’est le moment d’utiliser la serviette si vous en avez une !
    Faire visiter la bouche à l’aliment.
    Quelles sont les parties de la bouche qu’il ne peut pas visiter ?
    Explorer l’aliment avec les dents.

    Observer les réactions des différentes parties de l’être.
    (détailler)

    C’est encore le moment de choisir : Allez vous avaler cet aliment ou non ? Allez vous le recracher ou l’avaler ?

    Une fois que vous l’avez avalé, votre complice va proposer une autre bouchée.
    Etc…

    Echanger les rôles.
    Etc…

    Fermer les yeux tous les deux.

    Possibilité pour engager la Jam, à discuter avec Matthieu :
    Explorer à l’odeur (la pièce est pleine d’aliments).
    Toucher l’autre. La main est comme une bouche. Le corps est un organe digestif.
    Danser depuis une partie : fascia, tube digestif, bouche, etc…
    Observer, exprimer le parlement des parties de son êtres. Le suivre dans ses errements.
    Observer s digestion en cours, la suivre.

    ___________________
    Retours entendus après la JAM :
    -beaucoup de rires, léger, jam bacchanale, portée par les odeurs, la nourriture. A fleur de peau.

    Améliorations possibles :
    -Détailler et accompagner la mastication
    -Laisser (ou autoriser) plus de temps en bouche pour le premier aliment avant de permettre le second.
    -Indiquer qu’il est possible d’écouter l’effet du cheminement des aliments à travers le tube digestif.
    -Indiquer qu’il est possible de lécher les lèvres.

    ©Boris Nordmann 2015

     

  • Colloque Corps marin

    Colloque immersion et modification du corps marin : Une anthropologie écologique. 20 et 21 juin 2014 à Marseille. J’interviendrais le vendredi 21.
    http://www.colloque-corpsmarin.com/

  • Semographe

    Semographe

    La relation du language à l'espace, et plus précisément la nature des espaces sémantiques a fait l'objet d'un chantier avec Sabine Ploux, chercheuse en traitement du language au CNRS.

    La relation du language à l’espace, et plus précisément la nature des espaces sémantiques a fait l’objet d’un chantier avec Sabine Ploux, chercheuse en traitement du language au CNRS.

    l'entrée "Subtil" et ses synonymes dans la fenêtre de visualisation de l'Atlas Sémantique
    l’entrée « Subtil » et ses synonymes dans la fenêtre de visualisation de l’Atlas Sémantique

     

    Le point de départ de cette recherche est un outil mis en place par la chercheuse. L’Atlas Sémantique[ref]Voir Atlas Sémantique.[/ref offrent une visualisation multidimensionnelle du sens des mots synonymes de celui entré par l’utilisateur. Cet outil est limité à une centaine de mots.

    Je rencontre Sabine Ploux avec un projet de sculpteur : celui de circonscrire la forme de l’ensemble du lexique français courant. Mon projet est poétique : matérialiser la métaphore d’une grande forme en évolution qu’est le le lexique français.

    Photomontage : prévisualisation du nuage de mot sur une façade.
    Photomontage : prévisualisation du nuage de mot sur une façade.
    Projet d'imprimer le nuage de mot sur l'intérieur d'une tente, en anaglyphe (3D rouge et vert).
    Projet d’imprimer le nuage de mot sur l’intérieur d’une tente, en anaglyphe (3D rouge et vert).
    Maquette au 1/10ème de la tente suspendue.
    Maquette au 1/10ème de la tente suspendue.

     

    Demande de devis pour une structure gonflable à l'intérieur de laquelle serait imprimé le nuage de mots, toujours avec le procédé du relief stéréoscopique par anaglyphe.
    Demande de devis pour une structure gonflable à l’intérieur de laquelle serait imprimé le nuage de mots, toujours avec le procédé du relief stéréoscopique par anaglyphe.

    La recherche engage d’une part un travail de la chercheuse qui commence alors à faire tourner ses machines avec un très grand nombre de mots. Et d’autre part un travail de mon côté, pour trouver d’autre manières de représenter ce volume.

    Image 8

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    Image 6

    Je réalise que mon projet poétique et sculptural initial passe à côté de l’essentiel : le langage n’est pas de nature spatial. Ou bien si l’on parle d’espace sémantique, cet espace n’a pas grand chose à voir avec l’espace dans lequel l’ingénieur dessine une pièce automobile – espace de l’ingénieur qui est la mère de nos chères représentations 3D.

    Se pose de nouveau la question du mode d’existence de ce nuage de mot, au delà de mon attachement symbolique : de quelle manière le présenter ?

    Carton d'invitation à la performance.
    Carton d’invitation à la performance.
    Répétition avec Dorothée Volut et Gaël Cobert.
    Répétition avec Dorothée Volut à la voix et Gaël Cobert au clavier.

    L’étape de travail présentée à la galerie La Traverse joue sur la tension entre un espace graphique 3D virtuel que l’on peut visiter au clavier et à la souris, et le fait que le sens des mots n’est pas réductible à des occurrences dans un espace à 3 dimensions continues : qu’y a t il entre « bateau » et « amour » ?

    Performance à la Traverse : le nuage de mot est projeté au plafond. Gaël Cobert entre dans la machine les mots prononcés par Dorothée Volut, qui lit ce qu'elle voit et prononce ses interrogations.
    Performance à la Traverse : le nuage de mot est projeté au plafond. Gaël Cobert entre dans la machine les mots prononcés par Dorothée Volut, qui lit ce qu’elle voit et prononce ses interrogations.

     

     

  • Exotisme du terrain vague

    Exotisme du terrain vague

    Sous un pont où l’exotisme du terrain vague se mêle à celui de la rivière souterraine, installer la vision d’un ailleurs onirique. Contre la voûte, coller un photomontage en relief présentant un monde merveilleux où des plantes que nous connaissons bien sont rendues exotiques par le cadrage.

    Cinéma 3D immobile, poésie végétale et freak-show underground.

    Cinéma 3D immobile, poésie végétale et freak-show underground.
    Pose d'une image de 12mètres par 4m50 sur un support très irrégulier. Ici la sous-couche de papier craft.  La nuit, le pont est le lieu d'une prostitution masculine. La mairie ne nettoie plus les crottes de chiens.
    Pose d’une image de 12mètres par 4m50 sur un support très irrégulier. Ici la sous-couche de papier kraft.
  • Au lieu des autres

    Au lieu des autres

     

    Horizontal, l’écran est à hauteur des yeux. Pour voir il faut se coucher, contre -dessus -dessous -dans -à la surface du matelas, écran, peau : érotisme.  L’image d’un corps filmé en très gros plan, comme un scan.  De la tête au pied, quatre minutes trente. Le défilement emplit tout le champ visuel :  Délicieux paradoxe de se sentir tomber en restant couché.
    Horizontal, l’écran est à hauteur des yeux.
    Pour voir il faut se coucher, contre -dessus -dessous -dans -à la surface du matelas, écran, peau.
    L’image trop proche, d’abord on ne comprend pas. Par la succession des textures, c’est un corps, filmé en très gros plan, comme un scan. De la tête au pied, quatre minutes trente. Le défilement emplit tout le champ visuel et produit des illusions de chute. Délicieux paradoxe de se sentir tomber en restant couché.
    Là où tous les autres se rencontrent, c’est soi. Près c’est présent, enregistré c’est absent. Si près de l’absence, c’est ambigu.
    Là où tous les autres se rencontrent, c’est soi.
    Près c’est présent, enregistré c’est absent.
    Si près de l’absence, c’est ambigu.

    2C6B7371

    BORIS CUISSE

     

    BORIS HANCHE

    BORIS VENTRE

    Dans les casques, l'alternance de baisers troublants par leur présence proche, et de rires éprouvants.
    4×4 mètres de velours grand confort. Dans les casques, l’alternance de baisers troublants par leur présence proche, et de rires.
  • Projet de recherche

    Résumé : Est-il possible pour des êtres humains d’apprendre un mode de communication d’un groupe de cétacés à dents ? J’entreprend de renouveler l’approche de leurs mondes : En me plaçant dans une position d’apprentissage ; en cherchant la complicité des animaux, pour solliciter leur enseignement ; en laissant une relation se construire avec des animaux non-captifs ; en m’appuyant sur les connaissances scientifiques et traditionnelles sur les sujets connexes à cette aventure ; en organisant des ateliers d’apprentissage multidisciplinaires réunissant les spécialistes rencontrés ; en suivant un programme d’entraînements. Ce dessein s’inscrit dans mon parcours artistique. Il me permet d’aborder au sein d’un même problématique un ensemble de thèmes qui ont fait jusque là l’objet de chantiers distincts : La relation à l’autre. La perception sonore de l’espace. Une connaissance incarnée (où le corps est un instrument du faire connaissance). Les langages et leur relation à l’espace. Ce projet au long cours sera jalonné par des productions tangibles dont les formats refléteront les milieux impliqués : Publications et participation à des séminaires, formes artistiques plastiques, relationnelles et performatives.

    Problématique de recherche

    Est-il possible pour des êtres humains d’apprendre un mode de communication d’un groupe de cétacés à dents ?
    Je précise qu’il s’agit bien d’apprendre et pas seulement d’étudier. Par exemple, il est possible d’étudier des éléments d’un langage humain en suspendant un microphone au-dessus d’un espace public ; mais il serait illusoire de vouloir apprendre un langage humain inconnu sans une immersion linguistique dans un contexte accueillant, ou l’accompagnement d’un enseignant de bonne volonté. Cette entreprise soulève une cascade de questions dont les réponses sont interdépendantes, ainsi :
    -Par quels moyens entrer en contact avec les cétacés et exprimer une position d’apprentissage ?
    -Quel groupe, de quelle espèce de cétacés à dents (bélugas, orques, cachalots, dauphins, globicéphales, etc.) est susceptible d’y répondre favorablement ?
    -Quelles questions éthiques cette entreprise soulève-t-elle ?

    Cette approche immersive, sensorielle, incarnée correspond à tous les sens de l’expression faire connaissance. Cela étant, à moins de perdre sa substance, elle ne peut s’inscrire dans l’une ou l’autre des disciplines de production de connaissance telle qu’elle sont définies actuellement. En revanche, des questions essentielles relèvent pleinement du champ artistique :
    -Comment se familiariser avec le monde (au sens Umwelt de J. von Huexküll) des espèces rencontrées ?
    -Comment la pratique de langages non-verbaux, qu’il soient visuel ou non, peut elle contribuer à cet apprentissage ?
    -Sous quelles formes partager les découvertes, les rencontres et les prises de conscience qui naissent au cours de cette recherche ?

    Méthodes

    L’équivalent d’une immersion linguistique auprès des cétacés, implique la fréquentation régulière d’un groupe d’animaux, sous une forme qui permet l’interaction sonore et gestuelle. Un contexte qui permet ce que les sciences de la pédagogie appelle le retour immédiat d’information : pour qu’une erreur soient une source d’enseignement, sans délai. Un contexte stimulant et rassurant dans lequel l’erreur n’est pas une faute. Cet aspect ne concerne pas seulement le mode de relation avec les cétacés, mais d’abord le contexte humain. Complices humains avec lesquels sont envisagés un ensemble de préparations à la rencontre des cétacés. Non seulement des entraînements à être dans l’eau, mais surtout pour esquisser une représentation de leur monde perceptif et culturel, en trouvant des manières de dépasser la description mentale : incorporer une translation de leur être au monde dans notre être humain.

    Apprentissages et entraînements

    Est envisagé un ensemble d’apprentissages et d’entraînements, à la fois physiologiques, perceptifs et symboliques pour incarner le monde des cétacés à dents et se préparer à leur rencontre dans l’eau. Les choix détaillés ci-dessous constituent une sélection parmi un panel de pratiques pour lesquelles j’ai commencé à être formé au cours de l’année 2012-2013.

    Les cétacés à dents se repèrent dans l’obscurité des profondeurs au moyen d’un sens analogue à celui des chauves souris. Il existe une forme humaine de l’écholocation. Elle est pratiquée depuis très longtemps, et a été formalisée récemment grâce à Daniel Kish (Kish et Bleier, 2000 ; Kish, 2009). L’émission de « clicks de langue » est associée à une écoute des réverbérations acoustiques. Les aires visuelles du cerveau sont activées pendant l’écholocation humaine. Quelques milliers de personnes aveugles dans le monde utilisent cette approche perceptive en complément de la canne, pour identifier les obstacles et prendre des repères jusqu’à plusieurs centaines de mètres, sans aucun appareillage. On peut ainsi distinguer un poteau métallique d’un arbre ou d’un buisson. Les formateurs que j’ai rencontrés voyagent dans le monde entier avec la plus grande autonomie. En deux ou trois clicks, un écholocateur confirmé repère les coins de la pièce dans laquelle il entre et localise les portes ouvertes, couloirs, variation de la hauteur du plafond, etc.. Ce mode de perception est accessible aux voyants, je ne suis pas le seul à en avoir fait l’expérience (Thaler et al., 2014).

    Certain groupes de dauphins comptent plus de mille individus, qui nagent et plongent tous ensemble. Quelles sensations procurent la nage au sein d’un groupe plongeant en écholocation ? Un programme d’ateliers d’écholocation, avec initiation en salle et promenades collectives sera proposé aux voyants et non-voyants. Ce programme reçoit à Marseille le soutien de l’A.V.H., association qui touche un grand nombre de personnes aveugles.

    Les cétacés à dents sont des mammifères, et portent des poumons. A la différence des poissons, ils sont incapables de capter l’oxygène dissous dans l’eau. Ils plongent en apnée. La pratique humaine de l’apnée est non seulement un outil pour se représenter ce qu’ils vivent, elle permet aussi de les fréquenter sous la surface pendant quelques minutes, sans d’appareillage. A l’inverse, la plongée avec bouteille impose un équipement qui ne permet pas la souplesse et la rapidité nécessaire pour suivre dans l’eau des animaux comme le dauphin. La plongée en apnée est accessible au plus grand nombre et requiert l’inverse d’un effort : plus la personne est détendue, moins elle consomme d’oxygène, et plus l’apnée pourra durer longtemps. Parmi les activités méditatives développant la connaissance de soi, l’apnée offre un retour d’information immédiat : la sensation de manquer d’air.

    La communication par le son est importante chez les cétacés. Peu d’instruments de musique ne sont pas encombrant pour la nage ou la plongée. C’est le corps humain qui sera pris comme instrument d’improvisation sonore, dans une association de ce qu’offre les nombreuses formes du chant, du bruitage et du beat-box. Faute de mieux, j’appelle ces pratiques techniques vocales. A l’échelle de mon expérience, elles sont avec la danse improvisée le moyen le plus accessible pour exprimer sans les mots l’état d’être dans lequel on se trouve. Un des exercices récurant dans l’enseignement du chant est de faire résonner telle ou telle partie de son corps. Chant de gorge, voix de tête, mais aussi chant de sexe, de cœur ou d’os. Le répertoire des techniques vocales est immense : claquement de langue, raclement de gorge, ronflement, sifflement, hoquètement, nasillement, froissement, grincement, gargouillement, etc.. D’autant plus intéressant à développer pour cette recherche qu’une partie de ce répertoire peut-être pratiqué en apnée.

    La communication entre les cétacés à dents passe aussi par la position du corps dans l’eau, des gestes, et par la position des corps les uns par rapport aux autres. Le Contact Improvisation (aussi appelé Danse Contact) est une manière de commencer à pratiquer une forme non-verbale de communication, à terre. « Le contact improvisation est un produit des contre-cultures des années soixante. Le contact physique entre deux ou plusieurs partenaires, la gestion de la gravité et de l’élan des corps en mouvement sont à la base de la pratique. Plus largement : la relation et la communication des corps dans l’espace. C’est un éveil des réflexes et de l’équilibre, de nos perceptions spatiales, un éveil de tous les sens et en particulier le toucher » écrit Mathilde Monfreux. Une forme aquatique existe, elle est particulièrement riche d’enseignements sensoriels sur l’être dans l’eau et s’appelle le WATA, ou Wasser Tanze. L’ancrage dans le sol et dans la gravité est transposé pour un ancrage dans l’eau. Ces deux pratiques improvisées sont de merveilleux outils d’exploration de la chose collective… Et de ce que peut être la nage en banc pour les cétacés.

    Le kayak a été mis au point par des inuits chasseurs de baleines. Il permet une approche rapide et silencieuse. L’embarcation fait corps avec son pilote, procurant la sensation d’être chimère : une forme marine du centaure. La manœuvre de l’esquimautage permet de passer à l’eau sans quitter le bateau. Ce mode de navigation doux s’apparente au vélo pour les distances qu’il permet de parcourir, le type d’effort, et la charge qu’il permet de transporter pour une autonomie en randonnée.

    Le principe de « l’auto-école »

    Les apprentissages décrit plus haut sont des préparations à l’apprentissage auprès des cétacés, comme une mise en jambe, pour se remettre dans le bain de l’apprentissage. Ils sont aussi l’occasion de revisiter la manière d’apprendre. Cherchant encore une fois à se mettre à la place de l’animal, on peut se placer dans la position d’enseignant que l’on souhaite qu’il accepte. Chaque enseignant que je fréquente, chaque spécialiste que je rencontre est essentiellement naïf vis à vis des savoirs et savoirs faire développés par les autres… Naïf, mais souvent curieux. Ainsi émerge le projet de réunir les plus enthousiastes de ces spécialistes pour une série d’atelier d’auto-formation : au cours duquel chacun initie les autres à ses spécialités et reçoit les enseignements des autres. L’entreprise est courageuse de leur part car : bien qu’ils soient des spécialistes reconnus dans leur domaine, ils seront au sein du groupe la plus part du temps des experts en naïveté… Mais bientôt experts en apprentissage.

    L’auto-école se déroule par sessions d’une à deux semaines. Chaque session comporte une partie à terre et une partie en mer, idéalement à la rencontre des cétacés. Le programme de chaque session est établi de manière collective, au cours des journées préparatoires. Il n’est pas envisagé qu’un participant puisse dispenser son enseignement et partir : le don de son savoir-faire est indissociable de celui de sa naïveté. Le groupe de l’auto-école a une dimension variable d’une session sur l’autre, avec un noyau dont je fais partie. Le noyau assure la transmission de principes organisationnels qui se sont révélés fructueux au cours des sessions précédentes.

    La problématique développée vers les cétacés porte sur la relation et la question du vivre ensemble. L’auto-école reflète ce parti-pris : le mode de décision y relève de l’intelligence collective.

    Quels cétacés, où ?

    Le sous-ordre des odontocètes compte environ 80 espèces. Plusieurs se laissent approcher par l’homme : notamment le grand dauphin commun (Tursiops truncatus), le dauphin à long bec (Stenella longirostris), le dauphin tacheté de l’Atlantique (Stenella frontalis), le béluga (Delphinapterus leucas), l’orque (Orcinus orca), et le globicéphale (Globicephala melas). Certains individus cachalot (Physeter macrocephalus) approchent spontanément des bateaux et des plongeurs, ainsi le fameux Scar, au large de l’île de la Dominique.

    Les voyages suivants sont envisagés pour les rencontrer, dans un premier temps sur des séjours de 2 à 3 semaines. Les destinations sont motivées par leur relative accessibilité depuis la France, et le fait que les cétacés présents sont déjà étudiés.

    En Méditerranée en mer de ligure et autours de la Corse pour rencontrer dauphins, globicéphales, et quelques cachalots, entre les Baléares et l’Espagne pour rencontrer d’avantage de cachalots(Drouot, Gannier, et Goold, 2004). Entre mai et octobre.

    En Mer Blanche (En Karélie, territoire russe frontalier de la Norvège) pour rencontrer une communauté de bélugas étudiée depuis plus de 20 ans (Belkovitch et Shekotov, 1993). Entre juin et août avec le soutien de Rauno Lauhakangas qui assure le lien avec l’équipe russe.

    Aux Antilles (Guadeloupe et Dominique) pour y rencontrer des communautés de cachalots dont la structure est très documentées (Gero et al., 2007). De février à mai.

    Au Bahamas pour rencontré les dauphins tachetés de l’Atlantique (Herzing, Delfour, et Pack, 2012).

    Fiction corporelle

    Cette recherche est l’objet du développement de plusieurs outils spécifiques :

    Pour comprendre de manière globale les connaissances que j’avais lues sur les cachalots, j’ai eu besoin d’en faire une synthèse. Celle-ci a pris la forme de la « Fiction Corporelle cachalot, méthode pour se sentir cachalot en 1h30 ». Après une conférence de science avec dessins au tableau (30 minutes), chaque auditeur est invité à s’allonger. Immobile, il est interprète et spectateur de son interprétation. Son corps est le lieu de projection de la fiction : « Le corps humain est la forme de départ que l’imagination va déformer ». Pour vraiment situer ce qu’est une Fiction corporelle, il est nécessaire d’en faire l’expérience, ou à défaut en regarder une captation video (https://borisnordmann.com/B/fiction-corporelle-araignee/). La forme des Fictions Corporelles est considérée comme un outil de connaissance. Elles sont utilisées systématiquement pour cette recherche : Une Fiction Corporelle spécifique est crée pour chaque espèce avec laquelle des interactions auront eut lieu, qu’il s’agisse de cétacés ou d’autres animaux rencontrés en route.

    Comment translater dans son schéma corporel humain un écosystème marin avec ses courant, son histoire, ses dynamiques saisonnières, sa bathymétrie ? Le principe des Fictions Corporelles a déjà été appliqué d’autre entité que des animaux, notamment une ville : à travers un audio-guide qui propose des état de corps associés à des dimensions de temps, d’espace et de flux correspondant à l’agglomération Marseille-Provence. Rien ne s’oppose à ce que le principe génératif des Fictions Corporelles soit aussi appliqué aux lieux des interactions animal-humain. Il sera fait en sorte que deux Fictions Corporelles ne se ressemblent pas, même si elle se rapportent à des entités comparables (par exemple globicéphales et bélugas, ou Mer des Baléares et Mer des Caraïbes). Cet enjeu est la pierre de touche d’une compréhension étoffée de chaque sujet.

    Oreilles subaquatiques

    Nageant et plongeant parmi des dauphins, je ne sais pas quel animal vocalise à quel moment. C’est un grand handicap pour comprendre la teneur de leur échange. L’oreille d’un homme sous l’eau localise difficilement d’où vient un son. En effet, dans l’air, plusieurs indices acoustiques permettent au cerveau de déduire la direction d’où provient un son. Mais ces indices disparaissent quasiment une fois la tête immergée dans l’eau de mer. Afin de pouvoir entendre à l’oreille, en temps réel et sans sortir de l’eau quel dauphin vocalise, j’entreprends la réalisation d’une cagoule de plongée qui facilite l’écoute spatialisée sous l’eau. Un des enjeu est que ce dispositif fonctionne sans électronique, pour limiter les pannes et faciliter les réparations en mer.

    Résultats
    ou Les formes du partage

    L’objectif de cette recherche n’est pas d’établir si oui, il nous aura été est possible d’apprendre auprès des cétacés à dents. Ou bien si ; mais l’essentiel est ailleurs. Sous quelles formes partager avec des humains les découvertes, les rencontres et les prises de conscience qui naissent au cours de cette recherche ?

    Film

    Un documentaire avec des morceaux de fiction se nourrit des rencontres de personnes humaines et non-humaines, de l’auto-école, des ateliers d’écholocation pour voyants et non-voyants et des prises de conscience qui naissent pendant le projet.

    Quelques adresses au spectateur lui proposent de se placer à la fois comme interprète et comme spectateur de son interprétation, questionnant le dispositif de prise en charge des corps par la salle de cinéma.

    Le prima de l’être vivant sur l’être technologique, l’importance de la chose sonore qui est développé dans le projet de recherche invite à s’affranchir des caprices de la caméra video pendant les périodes d’apprentissage. Ainsi les prises sur le vif sont essentiellement des enregistrements sonores soignés et des photos.

    Le tournage est envisagé comme une étape importante pour l’apprentissage, au même titre que l’analyse de ses données pour un scientifique. Le fait rejouer et faire rejouer ce qui a été vécu par d’autre est une des clefs du processus d’incorporation. Les situation auparavant vécue deviennent des scènes, les personnes deviennent des personnages. Les situations relationnelles remarquables vécues avec les personnes humaines et non-humaines, pendant l’auto-école et au-dela, sont rejouées et filmées. Cela se passe à terre, avec les moyens du bord. Faire avec ce qui est là au moment du tournage permet d’affirmer que le contexte est différent de la situation initiale, ce faisant l’accent est mis sur ce qui se joue quand on rejoue.

    Exposition

    Ce qui est nommée plus haut « oreille aquatique » s’inscrit dans la longue lignée des orthèses conçues par des artistes, de Léonard de Vinci à Carsten Höller.
    Au delà de cet objet, l’exposition est celle de l’apprentissage. Elle est vivante et documentée, dans le sens adopté par Rétrospective de Xavier Leroy (Centre Pompidou, Mars 2014). L’exposition est envisagée comme un lieu de vie, d’apprentissage et d’échange. Un temps pendant lequel l’incorporation agit : on y rejoue des animaux, des choses et des gens, on y pratique l’écholocation, on y donne des Fictions Corporelles.

    Fictions corporelles

    Je porte les Fiction Corporelles comme des sculptures. Leur matériaux est le schéma corporel de l’auditeur. Ces sculptures n’ont pas de socle, elles se présentent comme à la maison. La condition de leur bonne réception est que les gens se sentent à l’aise. A l’aise pour adopter les consignes et l’état de fragilité par lequel elle impliquent de passer : on ne sens pas cachalot en public sans un certain risque social. A l’aise pour percevoir que le choix de ne pas adopter les consignes est inscrit entre les lignes. Elles sont donc jusque là, le plus souvent présentées à la maison, chez quelqu’un qui choisi d’inviter ses amis pour un voyage intérieur collectif.

    Références, ou panorama des recherches connexes

    Certaines pages du Chant de mille miles (Thousand mile song, Basic books, 2010) me donne l’impression de marcher dans les pas de David Rothenberg. Son nom est associé à la philosophie de la Deep Ecology. Clarinettiste en vue sur la scène des musiques improvisées, il est connu pour son activité avec des musiciens humains et pour ses dialogues musicaux avec des animaux : baleines à bosses à Maui, bélugas en Karélie, orques, et encore des oiseaux et des insectes. Sa production littéraire* abondante et généreusement documenté retrace son cheminement d’une manière claire et pragmatique. La nature des échanges qu’il développe avec des animaux est strictement musicale. Il est engagé dans des collaborations avec des chercheurs en éthologie (comportement animal). Ses recherches actuelles visent une formalisation de la notation graphique des échanges musicaux improvisés : pour une extension du solfège.

    Précurseur des actions artistiques inter-espèce, Jim Nollmann enregistre un concert avec des centaines de dindes pour Thanksgiving en 1973. Il fonde l’organisation « Interspecies », rédige plusieurs best-sellers sur ses relations musicales avec des animaux (des loups, bélugas, orques), les rencontres estivales qu’il a organisé entre des orques et des musiciens de différentes cultures, ses propres rencontres avec des américains natifs, son engagement dans des actions périlleuses comme la libération de dauphins destinés à un massacre au Japon. Il porte une certaine amertume envers le monde scientifique, qui le lui rend bien. Il se consacre actuellement au jardinage. Sa production littéraire dans un style fleuri me touche par la description des situations de flottement et de doute qu’il rencontre.

    Le rapport à la technologie qui est développé dans ce travail de recherche trouve une affinité au niveau cinématographique dans l’œuvre de Chris Marker. Son utilisation de l’image fixe et de la voix off influence déjà mon travail (voir https://borisnordmann.com/B/ubiquiste/). Mon projet est également marqué par l’économie de moyen d’Alain Cavalier dans « Thérèse » (dont toutes les scènes sont jouées en studio sur un fond gris) et son interprétation du rôle du documentariste pour les « 24 portraits ».

    Ce qu’il s’est passé au Black Mountain College de 1933 à 1957 influence ma manière d’aborder apprentissage et enseignement, la relation entre pratique artistique, connaissance et auto-gestion.

    Dans Politiques de la nature, comment faire entrer les sciences en démocratie (La Découverte, 2004), Bruno Latour propose une restructuration utopique de la démocratie et des métiers actuels, de manière à intégrer les non-humains dans la constitution d’un monde commun.

    L’ouvrage de Dominique Lestel Les origines animales de la culture (Flammarion, 2009), a rappelé que la culture n’est pas l’apanage de l’Homme. Vincianne Despret développe un travail de synthèse pointant la manière dont les animaux sont questionnés, appuyant le rôle des femmes et d’une forme de politesse dans ce qu’il est convenu d’appeler la nouvelle école en éthologie. S’agissant d’animaux sociaux, l’immersion dans une société animale, donne des résultats quand elle s’installe dans la durée. Ces approches profitent des enseignements de l’anthropologie de terrain. On connait bien le travail de Jane Goodall avec les chimpanzés, et celui de Dian Fossey avec les Gorilles. On connait moins celui de Bernd Heinrich avec les corbeaux.

    En introduisant un tiers dans sa relation avec Alex, un perroquet gris du Gabon, Irène Pepperberg a pu lui enseigner une quantité de vocabulaire comparable à celle d’un enfant de 4 ans.

    Denize Herzing travaille depuis 29 ans avec une population libre de dauphins tachetés au Bahamas. Avec ses collègues Adam Pack et Fabienne Delfour , elle développe des interactions homme-dauphins via un clavier sous-marin informatisé(Herzing, Delfour, et Pack, 2012). Un masque de plongée indique aux chercheurs par des lumières la direction d’où provient un son. L’équipe utilise la méthode du tiers qu’ Irène Pepperberg a développée avec le perroquet Alex.

    David Pelegrin Garcia développe à l’Université Paris Sud les prémisse d’un dispositif d’écholocation dans un bâtiment modélisé in silico d’un point de vue acoustique. L’équivalent en écholocation de Google-street view. L’écholocalisant porte un microphone devant la bouche et un casque sur les oreilles. Il peut entendre l’écho de ses clicks de langue dans l’espace modélisé.

    Aisen Caro Chacin (Chacin, 2014) développe un dispositif d’initiation à l’écholocation pour les personnes voyantes utilisant un haut parleur directionnel par interférence d’ultra sons.

    Etapes clefs

    Plusieurs chantiers ont étés énoncés plus haut. Les trois années du programme doctoral seront jalonnées par les étapes suivantes :

    Fréquentation des cétacés

    Un premier voyage est prévu pour chacune des destinations citées : Méditerranée (Ligure, Corse, Baléares), Antilles, Bahamas, Mer Blanche. La qualité des relations avec les cétacés rencontrés permettra de préciser à quel endroit revenir souvent ou longtemps, quel mode de navigation et d’approche, avec quel équipage et quel matériel.

    Oreilles aquatiques

    Le quatrième prototype a déjà permis de valider la faisabilité d’un dispositif sans électronique. La conception alternera prototypage et test psychophysique, en bassin, puis en mer, puis avec des cétacés. Il n’est pas exclu de réaliser un prototype intermédiaire avec électronique.

    Auto-école

    La mise en place de l’auto-école commencera dès la rentrée : constitution d’un groupe bénévole auto-géré, deux premières journées d’explorations, définition du calendrier pour un an, et du programme de la prochaine session. Les étapes prévisibles sont liées aux apprentissages : la première randonnée collective en écholocation sans accompagnant voyant, plonger à 10, puis 15 mètres en apnée, savoir esquimauter, sortir en kayak par gros temps, se joindre à une « jam » (l’équivalent d’un bal pour le contact improvisation), chanter dans l’eau… et bien sûr, la rencontre collective avec des cétacés, commencer de préférence dans des eaux chaudes comme aux Antilles.

    Film

    La recherche d’un producteur commencera avec la rentrée doctorale. Tout au long du travail seront collectés photos et enregistrements sonores, dans l’air et dans l’eau. Je tiendrai un journal personnel, qui nourrira l’écriture d’un scénario. Un tournage proprement dit, en extérieur et en studio sera suivi d’une période dédiée à la postproduction.

    Annexe bibliographique

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